Les séances se tiendront en mode hybride.
Inscription obligatoire via ce formulaire

Séminaire pluridisciplinaire
Organisateurs : Amr Ahmed (INALCO, CeRMI), Sandra Aube (CNRS, CeRMI), Samra Azarnouche (EPHE PSL, CeRMI)

Le séminaire mensuel de recherche « Société, politiques et cultures du monde iranien », organisé par l’UMR 8041 Centre de Recherche sur le Monde Iranien (CNRS – Sorbonne nouvelle – INaLCO – EPHE), présente les recherches récentes sur l’Iran et le monde iranien, de l’Antiquité à nos jours, selon une approche « aire culturelle » et dans une perspective pluridisciplinaire (linguistique et philologie, littérature, histoire, histoire de religions, histoire de l’art, sciences sociales…). Il fait intervenir les membres de l’unité de recherche (chercheurs, enseignants-chercheurs et doctorants) mais aussi des invités venant d’autres institutions universitaires en France et à l’étranger. Le séminaire est conçu comme un lieu d’échanges et de débats, et aborde les problématiques en articulation avec les cinq axes de recherche développés au sein du CeRMI: Produire, écrire, échanger; Les communautés religieuses: textes, traditions et identités; Etats, territoires et sociétés contemporaines; Littératures et création littéraire; Langues et linguistique. Le séminaire s’adresse aux doctorants et chercheurs travaillant sur l’aire culturelle iranienne, et il est également ouvert aux étudiants de Master et plus largement à tout public intéressé par ces thématiques de recherche.


Programme en format pdf


Jeudi 7 octobre 2021, 17h-19h
En hybride (distanciel et présentiel) : Salle 5.05, INaLCO, 65 rue des Grands Moulins, Paris

Denise Aigle (directrice d’études émérite, EPHE)
Le cheikh Quṭb-i Muḥyī Lārī  (m. après 1503) était-il un crypto chiite ? Un saint homme du  Fārs à l’aune des sources épistolaires

Résumé

Fondateur au xve siècle d’une communauté de mystiques, Quṭb al-Dīn Muḥammad b. Muḥyī al-Dīn est considéré comme l’un des soufis sunnites les plus influents du Lāristān à la veille de la conquête safavide. Alors que Quṭb b. Muḥyī jouit d’une importante notoriété dans les écrits des penseurs des époques postérieures, aucun texte hagiographique n’a été rédigé par ses compagnons pour préserver sa mémoire. On sait très peu de choses sur la vie de Quṭb b. Muḥyī hormis l’importante correspondance qu’il rédigea à l’adresse de ses compagnons. On dispos également des témoignages peu diserts de deux historiens qui vivaient dans le Fārs à la fin du xve siècle.

Faute de pouvoir restituer la memoria hagiographique de Quṭb-i Muḥyī par l’analyse des anecdotes et des récits qui constituent la vie de tout saint homme, l’objectif ici est de présenter, les autorités textuelles sur lesquelles il s’appuie pour délivrer ses enseignements. Puis, à partir du contenu allusif aux autorités politiques, je chercherai à mettre en lumière sa vision du pouvoir et quel fut son rôle politique et social. Enfin, je tenterai d’émettre quelques hypothèses sur les raisons qui ont conduit les savants chiites, depuis la période safavide, à intégrer Quṭb b. Muḥyī dans les dictionnaires biographiques de savants chiites. On trouve en effet dans certaines lettres, des théories qui pourraient s’interpréter selon les concepts du chiisme imamite, notamment en termes eschatologiques.

Orientations bibliographiques

  • M. B. Wuthūqī, « Makātīb-i Quṭb al-Dīn Muḥammad b. Muḥyī al-Dīn Kushknārī Lārī wa ta’thīr-i ān dar ta’sīs-i shahr-i Qubṭābād », Tārīkh wa Jughrāfiyya : Kitāb-i Māh, Téhéran, Sāzmān-i Chāp wa Intishārāt-i Wizārat-i Farhang wa Irshād-i Islamī, 1380sh./ 2000, p. 130-138.
  • S. Bashir, Messianic Hopes and Mystical Visions. The Nūrbakhshīya Between Medieval and Modern Islam, Columbia, University of South Carolina Press, 2003.
  • O. Mir-Kasimov, « Connaissance divine et action messianique : la figure de ‘Alī dans les milieux mystiques et messianiques (du Ve/XIe au Xe/XVIe siècle), dans Mohammad Ali Amir-Moezzi, Ali, le secret bien gardé. Figures du premier Maître en spiritualité shi’ite, Paris, CNRS Editions, 2020, p. 325-352.

Jeudi 18 novembre 2021, 17h-19h
En hybride (distanciel et présentiel) : Salle 5.05, INaLCO, 65 rue des Grands Moulins, Paris

Amin Moghadam (Senior Research Associate, Ryerson University, CERC in Migration and Integration, Toronto)
Chanter les rivages, s’ancrer dans la ville : autonomie et initiatives culturelles des Iraniens à Dubaï

Résumé

Cette présentation est le résultat d’une réflexion approfondie sur les relations de l’Iran avec son environnement régional à travers le champs culturel et artistique, mais surtout d’une enquête de terrain récente (de mars à juin 2021) qui a porté sur les initiatives culturelles des Iraniens dans la ville de Dubaï. Elle mettra l’accent sur les conditions matérielles et institutionnelles des circulations culturelles(Kaufmann et al. 2015) afin d’examiner d’une part la relation entre des individus et des communautés diasporiques avec l’Etat et la société d’origine, et d’autre part la reconfiguration des relations centre/périphérie à travers les dynamiques transnationales. Ces questions seront abordées principalement à travers le portrait et le parcours de la poétesse iranienne, Silviana Salmanpour, originaire du sud de l’Iran (de la région de Lârestân) et installée à Dubaï depuis les années 1980. L’étude de cette trajectoire migratoire et artistique révèle en premier lieu l’autonomie de l’espace migratoire qui conduit parfois à la redéfinition des relations centre/périphérie du contexte national. Par ailleurs, elle démontre à travers ce parcours les multiples relations d’interdépendance qui se situent à des échelles géographiques et institutionnelles variées, y compris avec la société émirienne et les dynamiques globales qui caractérisent la ville de Dubaï.  C’est par le biais de cette approche relationnelle que les notions de la « culture » et de la « circulation culturelle » seront abordées dans cette présentation afin de mieux comprendre les modalités de formation et de circulation d’une œuvre littéraire au sein et au-delà des frontières nationales (Levitt 2010; 2020).

Orientation Bibliographique

  • Kaufmann, Thomas DaCosta, Catherine Dossin, et Béatrice Joyeux-Prunel (eds.), Circulations in the global history of art. Studies in art historiography. Farnham Surrey, England ; Burlington, VT: Ashgate, 2015.
  • Levitt, Peggy, « Taking Culture Seriously: The Unexplored Nexus between Migration, Incorporation and Development », Revue Européenne des Migrations Internationales 26/2 (2010): 139‑53. https://doi.org/10.4000/remi.5149
  • Levitt, Peggy, « Explaining Variations in Scale Shifting: The Role of Spatiality, Topography and Infrastructure in Global Literary Fields », Poetics 79 (2020): 101397. https://doi.org/10.1016/j.poetic.2019.101397

Jeudi 2 décembre 2021, 17h-19h
En hybride (distanciel et présentiel) : Salle 5.05, INaLCO, 65 rue des Grands Moulins, Paris

Éloïse Brac de la Perrière (professeur, Sorbonne Université)
Vers une nouvelle histoire de la calligraphie en caractères arabes. Enjeux et perspectives

Résumé

La calligraphie en caractères arabes est un art fondateur, et fédérateur, dans l’histoire de la civilisation islamique. Omniprésente dans le paysage visuel depuis les débuts de l’Islam jusqu’à la période contemporaine, la calligraphie a été très tôt soumise à des règles précises, un canon défini par des textes, transmis jusqu’à nos jours par des générations de calligraphes. Mais elle a également connu des développements inédits, notamment dans les régions les plus éloignées des centres historiques du monde islamique, où elle s’est développée en un extraordinaire foisonnement de formes, comme un langage à part entière, témoignant de liens historiques complexes entre des zones parfois très éloignées.

Orientation Bibliographique

  • Blair, S. (2006). Islamic Calligraphy. Edinburgh: Edinburg University Press.
  • George, A. F. (2010). The Rise of Islamic Calligraphy. London, Berkeley: Saqi.
  • Schimmel, A. (1984). Calligraphy and Islamic Culture. New York, London: New York University Press.

Jeudi 20 janvier 2022, 17h-19h
Uniquement en distanciel  : Inscription obligatoire via ce formulaire

Shafigheh Keivan (doctorante, Université Jean-Moulin-Lyon 3 et INaLCO/CeRMI)
Miroir, prisme et réflexion : la mosaïque du moi dans La maison des Edrissi de Ghazāleh Alizādeh

Résumé
Dans cette présentation, nous verrons comment, dans La maison des Edrissi (1992), roman écrit par Ghazāleh Alizādeh (1949-1996), l’image de la femme et son rapport au miroir font l’objet d’une réappropriation symbolique propre à rendre au moi féminin sa complexité confisquée par la littérature masculine. Nous nous proposerons plus particulièrement de mettre en lumière l’esthétique textuelle de cette romancière iranienne où miroir et reflets reconstruisent l’image du moi féminin à travers une palette de couleurs et de tons en rupture avec le noir et blanc bipolaire de l’imaginaire masculin.

Orientations bibliographiques

  • Alizādeh, Ghazāle. Khāne-ye Edrissi-hā. Tehran : Enteshārāt-e Tus, 1399/[2020]
  • Ishaghpour, Youssef. Le Tombeau de Sadegh Hedayat. Fourbis, 1991.
  • Hosseini, Maryam. Rishehā-ye zansetizi dar adabiyāt-e klāsik-e fārsi. Tehran : Nashr-e Cheshmeh, 1388/[2009]

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Belgheis Jafari (docteure en lettres modernes et chargée de cours, INaLCO)
Les représentations de l’exil dans les chants et poèmes populaires afghans

Résumé
Cette intervention porte sur la voix des exilés et la représentation qu’ils se font de leur vie loin du pays natal, et d’eux-mêmes. Les poèmes et les chants populaires expriment leur nostalgie et la souffrance collective face à la perte et au sentiment d’absence qui caractérise leur vie. Ces modes d’expression sont également utilisées pour inciter les exilés au retour, et certains chants récents, comme outils de contestation au sein de la société d’accueil autant qu’envers le gouvernement afghan.

Orientations bibliographiques

  • Baily, J. and Collyer, M. (2006), « Introduction: Music and Migration », Journal of Ethnic and Migration Studies, 32 (2), p. 167-182.
  • Jafari, B. A., & Schuster, L. (2019). « Representations of Exile in Afghan Oral Poetry and Songs », Crossings: Journal of Migration & Culture, 10 (2), p. 183-203.
  • Olszewska, Z. (2007), « A Desolate Voice: Poetry and Identity among Young Afghan Refugees in Iran », Iranian Studies, 40(2), p.203–224.


Jeudi 03 février 2022, 17-19h
Uniquement en distanciel  : Inscription obligatoire via ce formulaire

Agnès Devictor (maître de conférences, Paris 1 – Panthéon-Sorbonne)
D’un corpus d’images filmées au smartphone par un groupe combattant en Syrie à une recherche en histoire de l’art

Résumé
L’étude des représentations d’un conflit armé constitue un domaine de recherche au croisement de l’histoire de la guerre et de l’histoire de l’art, notamment avec les ressources de la photographie et du cinéma. Au XXe siècle, l’analyse de la façon dont des soldats représentent la guerre et se représentent en guerre, en plein conflit, avec des outils de prise de vue amateur, a contribué à cette écriture croisée. Un tournant a lieu au XXIe siècle avec l’avènement d’outils numériques de prise et surtout de diffusion d’images depuis les champs de batailles, souvent hors du contrôle des états-majors. Ces images, particulièrement les vidéos, produisent d’autres représentations et narrations des conflits, moins normées, en donnant un nouvel accès à des bribes d’événements mais aussi à l’expression de subjectivités très liées à l’outil du smartphone. La guerre en Syrie est un site d’observation de cette mutation des images non professionnelles qui deviennent une source très précieuse pour étudier ce conflit. Mais disséminées sur internet et des réseaux sociaux, particulièrement volatiles, souvent fragmentaires et anonymes, ces vidéos sont difficiles à contextualiser, à décrire et de ce fait à interpréter. Leur étude invite à adopter de nouvelles méthodologies de recherches.
Cette intervention sera centrée sur l’analyse de quelques vidéos prises au sein d’un groupe de combattants sous commandement iranien durant la guerre en Syrie et diffusées sur des réseaux sociaux et des plateformes de partage d’images en ligne. Elle accordera une place centrale aux multiples questions de méthodologie que cette recherche soulève.

Indications bibliographiques

  • BOEX C. et DEVICTOR A. (dir.), Syrie, une nouvelle ère des images. De la révolte au conflit internationale, CNRS éditions, 2021.
  • Chistensen C., « Uploading dissonance : YouTube and the US occupation of Iraq », Media, War &Conflict, vol. 1, n°2, 2008, p.155–175.
  • Lindeperg S., La voie des images. Quatre histoires de tournage au printemps-été 1944, Lagrasse, Verdier 2013.
  • RIBONI L.U., « Chercher, trouver, conserver : enjeux et méthodes de la constitution d’un corpus de vidéos en ligne. », dans DERAUW C., FILLIEUX V., ROEKENS A., (dir.), Pérenniser l’éphémère. Archivage et médias sociaux, Paris, Academia- L’Harmattan, 2018, p. 45-66.
  • Véray L., Avènement d’une culture visuelle de guerre. Le cinéma en France de 1914 à 1928, Paris, Nouvelles éditions Place, Ministère des Armées, 2019.

Jeudi 10 mars 2022, 17-19h
En hybride (distanciel et présentiel) : Salle 3.15, INaLCO, 65 rue des Grands Moulins, Paris

Philip Bockholt (Research Associate, Universität Leipzig)
Translating Works of World History in the Western Fringe of the Persianate World: Two Case Studies from Ottoman Istanbul

Abstract
From the 14th century onwards, thousands of works were translated from Persian and Arabic into Ottoman Turkish. Despite the rich source material, which includes works of various genres that can be found today in manuscript collections in Turkey, Europe, and North America, the individual agents in this transfer of knowledge have not yet been studied in depth. The aim of this paper is to examine the translation processes of two major works of Persian historiography, Mīrkhvānd’s Rawżat al-Ṣafā (Garden of Purity) and Khvāndamīr’s Ḥabīb al-Siyar (Beloved of Careers). Both chronicles cover the history of the Islamic world up to about 1500 and were translated in Ottoman Istanbul in the 16th and 18th centuries respectively. Based on the surviving manuscripts of the translations of both works, the question of who translated what exactly for whom and how the content of the works was adapted to the intended readership will be investigated. The two works lend themselves to this because the approach to multi-volume chronicles was different: while the translation of the Rawżat al-Ṣafā can be traced back to a single translator, the Turkish version of the Ḥabīb al-Siyar was produced by a team of translators directly commissioned by the grand vezir. The analysis of the translation processes sheds light on the relationships between scholars and patrons as well as on the transmission of texts against the respective religious and political background of the Eastern Mediterranean in the early modern period. In this context, broader questions about the concept of Persophonie / Persianate world at its western edge will also be addressed.

Indications bibliographiques

  • Murat Umut İNAN. « Imperial Ambitions, Mystical Aspirations: Persian Learning in the Ottoman World » in Nile Green (ed.). The Persianate World: the Frontiers of a Eurasian Lingua Franca. Oakland/CA: UCP, 2019, p. 75–92.
  • Murat Umut İNAN. « Ottomans Reading Persian Classics: Readers and Reading in the Ottoman Empire, 1500–1700 » in Mary Hammond (ed.). The Edinburgh History of Reading: Early Readers. Edinburgh: EUP, 2020, p. 160–181.


Mélisande Bizoirre (chercheuse associée au LA3M, UMR 7298)
Utiliser l’art pour légitimer son pouvoir : Politiques artistiques des souverains iraniens après la chute d’Ispahan (1722-1750)

Résumé
La période qui suit la prise de la ville d’Isfahan par les Afghans en 1722 et le démantèlement de l’empire safavide, a longtemps été négligée, notamment dans les études d’histoire de l’art. Elle s’avère pourtant féconde, surtout au regard du mécénat royal. Souffrant d’un fort déficit de légitimité, les différents souverains qui se succèdent sur le trône iranien utilisent la production artistique pour se mettre en scène et affirmer leur domination. Ils élaborent ainsi des stratégies destinées aussi bien aux puissances étrangères qu’à la propagande interne, qui leur permettent de se poser en défenseurs de la religion, en protecteurs du peuple et en continuateurs d’une histoire longue aussi bien turque que persane. Inscriptions monumentales, grands travaux et restaurations et imagerie royale témoignent de cette recherche de légitimité par la culture matérielle, tant à Isfahan que dans le Khorasan et plus largement sur l’ensemble du territoire iranien.

Indications bibliographiques

  • Michael Axworthy, The Sword of Persia: Nader Shah, From Tribal Warrior to Conquering Tyrant, London : I. B. Tauris, 2009
  • Ernest S. Tucker. Nadir Shah’s quest for legitimacy in post-Safavid Iran. Gainesville : University Press of Florida, 2006.

Jeudi 7 avril 2022, 17-18h30
En distanciel et présentiel : 2, rue de Lille, 75007 Paris (Auditorium de l’Inalco)

Frantz Grenet (professeur, Collège de France)
Anca Dan (chargée de recherche, CNRS, AOROC)
La connaissance de la littérature gréco-romaine reflétée dans quelques vases d’argent d’Asie centrale (IIIe-VIe siècle de notre ère)

Résumé
La vaisselle dite « bactrienne » a été fabriquée en argent, sur le territoire du Tokharistan et les territoires voisins en Inde et en Sogdiane, entre le IIIe et le VIIe siècle de n.è. Bols, coupes, plats et bouteilles se caractérisent par une décoration en reliefs incrustés sur l’extérieur, selon le modèle des vases hellénistiques en terre cuite, dits « mégariens ». Comme ceux-ci, les vases bactriens évoquent parfois des scènes littéraires, qui devaient être facilement reconnaissables par leurs commanditaires ou par leurs utilisateurs. Aussi surprenant que cela puisse paraître dans la Bactriane sassanide et ensuite « kidarite » et « hephtalite », plusieurs bols reprennent des thèmes littéraires grecs, d’origine théâtrale – tragique, dans le cas d’Œdipe et de Bellérophon, ou satirique, dans le cas d’Héraclès –, d’origine épique – du cycle troyen, en particulier de l’Iliade – ou encore d’origine historique – comme lorsqu’il s’agit de représenter Alexandre le Grand, dans une chasse royale ou au Paradis terrestre, suivant le Roman. Lors de cette conférence, nous présentons quelques vases en rapport avec les textes littéraires gréco-romains ou hébraïques qui nous permettent de comprendre leur programme iconographique, nous tentons de préciser leur contexte historique et de faire des hypothèses sur l’arrivée et la conservation de la littérature hellénique en Asie Centrale, avant la conquête arabe.

Indications bibliographiques

  • K. Weitzmann, “Three ‘Bactrian’ Silver Vessels with Illustrations from Euripides”, The Art Bulletin 25 (1943): 289–324.
  • Ph. Denwood, “A Greek Bowl from Tibet”, Iran 11 (1973): 121–127.
  • M. L. Carter (ed.), with contributions by P. O. Harper and P. Meyers. Arts of the Hellenized East. Precious Metalwork and Gems of the Pre-Islamic Era. New York, 2015.
  • F. Baratte, “De la Méditerranée à la Chine: Dionysos, Héraklès et les autres dans les profondeurs de l’Asie, au miroir de la vaisselle d’argent” in La Grèce dans les profondeurs de l’Asie, éd. J. Jouanna, V. Schiltz & M. Zink, Paris, 2016: 257–287.
  • B. Marshak, Istoriia vostochnoi torevtiki III–XIII vv. i problemy kul’turnoi preemstvennosti. Saint-Petersburg, 2017.
  • A. Dan, F. Grenet, & N. Sims-Williams, “Homeric Scenes in Bactria and India: Two Silver Plates with Bactrian and Middle Persian Inscriptions”, BAI 28 (2018 [2014]): 195–296.
  • A. Dan, F. Grenet, “Alexander the Great in the Hephthalite Empire: “Bactrian” Vases, the Jewish Alexander Romance, and the Invention of Paradise”, BAI 30/2020-2021, 143–194.

Jeudi 12 mai 2022, 17-19h
Uniquement en distanciel  : Inscription obligatoire via ce formulaire

Matteo De Chiara
(maître de conférences HDR, INaLCO/CeRMI)
La langue en évolution : la frontière verbale en pashto

La langue pashto appartient à la famille des langues iraniennes. En dehors d’une large diaspora, elle est principalement parlée dans deux grands territoires : en Afghanistan oriental (de Kabul à Qandahar), où elle est depuis 1937 la langue officielle au même titre que le dari, et au Pakistan occidental (dans toute la zone qui s’étend entre Swat, Peshawar, Kalat et Quetta), où elle est l’une des langues régionales de la province de Khyber Pukhtunxwa (KPK) – l’ancienne North West Frontier Province (NWFP), incluant les FATA (Federally Administered Tribal Areas) –, et du Baloutchistan.
Les deux publications récentes sur le verbe pashto par Daniel Septfonds et moi-même (Le verbe pashto : parcours d’un territoire du verbe simple à la locution verbale, 2019, et Le verbe simple en pashto. État des lieux, 2022, les deux publiées chez Reichert, Wiesbaden) analysent le système verbal du pashto en profondeur. La conjugaison du verbe pashto repose sur un schéma commun aux langues iraniennes – ou du moins largement partagé par elles –, qui distingue, aux formes finies du verbe, le radical de présent et le radical de passé.
Morphologiquement les verbes pashto se répartissent en trois groupes : les verbes simples, les verbes composés et les verbes mixtes. Cette intervention aura pour objet de mettre en lumière une catégorie spécifique de verbes, celle des « verbes simples nus » (« nus » signifiant ici « non-suffixés »), et les transformations en cours à l’intérieur de cette classe verbale fermée : un territoire à explorer en détail et avec systématicité pour pouvoir observer les changements et les mouvements des lignes de « frontière ». Une observation complète de la situation synchronique permettra de dégager les principales dynamiques diachroniques, au bénéfice des études pashto, mais aussi des autres langues iraniennes.

Indications bibliographiques

  • Anne Boyle David, Descriptive Grammar of Pashto and Its Dialects, ed. Claudia M. Brugman, Göttingen 2014.
  • Matteo De Chiara & Daniel Septfonds, Le verbe pashto : parcours d’un territoire du verbe simple à la locution verbale, Wiesbaden 2019.
  • Matteo De Chiara & Daniel Septfonds, Le verbe simple en pashto. État des lieux, Wiesbaden 2022.
  • Gilbert Lazard, Grammaire du persan contemporain, Téhéran 2006 [Paris 1957].

Jeudi 9 juin 2022, 17-19h
En hybride (distanciel et présentiel) : Salle 3.15, INaLCO, 65 rue des Grands Moulins, Paris

Samra Azarnouche (maîtresse de conférences, EPHE-PSL / CeRMI)
Le complexe architectural de Bandiyān (Khorāsān septentrional) et son temple du feu : une réévaluation d’un monument sassanide

Situé à quelques kilomètres de la frontière du Turkménistan au cœur d’une vallée verdoyante, le site sassanide de Bandiyān est exceptionnel à plusieurs égards : son emplacement géographique et stratégique idéal, un temple du feu dans un bon état de conservation, le matériel épigraphique qui désigne le complexe comme un dastgird (domaine seigneurial ou royal), et, par dessus tout, ses décorations en stuc figurant des scènes de chasse, de bataille, de culte et de banquet, d’une qualité rarement égalée dans le reste de l’Iran sassanide.
La datation du site – qui est resté en activité jusqu’au viie siècle – demeure incertaine, tout comme la fonction exacte de plusieurs des pièces du monument du Tepe A. Cette intervention propose dans un premier temps une synthèse de nos connaissances sur ce site depuis les fouilles conduites par Mehdi Rahbar. Puis seront exposées de nouvelles hypothèses concernant la localisation du domaine, l’articulation des espaces bâtis sur la base de données archéologiques centrasiatiques, et enfin l’interprétation d’une scène de culte zoroastrien sur le décor en stuc qui semble illustrer les préliminaires du sacrifice solennel.

Indications bibliographiques

  • Azarnouche S., « A Zoroastrian Cult Scene on Sasanian stucco reliefs at Bandiyān (Daregaz, Khorāsān-e Razavī) », in Sasanian Studies: Late Antique Iranian World / Sasanidische Studien: Spätantike iranische Welt. Vol. 1, T. Daryaee et Sh. Farridnejad (ed.), Wiesbaden, Harrassowitz, 2022, p. 1-28.
  • Callieri P. F., Architecture et représentations dans l’Iran sassanide, Paris, Association pour l’avancement des études iraniennes, 2014.
  • Cereti C. G., “Once more on the Bandiān Inscriptions”, in Āfarīn-Nāmeh. Essays on the Archaeology of Iran in Honour of Mehdi Rahbar, Y. Morādi (ed.), Tehran, Pažuhešgāh-e Mirās-e Farhangi va Gardešgardi/Research Institute of Cultural Heritage and Tourism, 1398/2019, p. 149-156.
  • Gignoux Ph., “Le site de Bandiān revisité”, Studia Iranica 37, 2008, p. 163-174.
  • Rahbar M., “Découverte d’un monument d’époque sassanide à Bandian, Dargaz (Nord Khorassan). Fouilles 1994 et 1995”, Studia Iranica 27/2, 1998, p. 213-250.
  • Rahbar M., “Kāvosh-hāye bāstān-shenāsi-ye Bandiyān-e Daregaz”, Gozāreš-hāye Bāstānšenāsī 1, 1376/1998, p. 9-32.
  • Rahbar M., “Le monument sassanide de Bandiān, Dargaz : un temple du feu d’après les dernières découvertes 1996-98”, Studia Iranica 33/1, 2004, p. 7-30.
  • Rahbar M., “Bandiyān-e Daregaz dar fasl-e yāzdahom-e kāvosh-hāye bāstān-shenākhti”, Gozāreš-hāye Bāstānšenāsī 17/2, 2007, p. 131-154.
  • Rahbar M., “The Discovery of a Sasanian Period Fire-temple at Bandiyān, Dargaz,” in Current Research in Sasanian Archaeology, Art and History, Proceeding of a Conference Held at Durham University 2001, D. Kennet and P. Luft (eds.), Oxford, Archaeopress, 2008, p. 15-40.