Formé de deux thématiques interdépendantes, cet axe réunit des chercheurs en histoire, histoire de l’art et histoire des textes travaillant plus particulièrement sur la production de l’écrit et des savoirs, et sur leurs modes et dynamiques de transmission. Les thèmes se déploient sur le temps long, depuis la période achéménide jusqu’à l’époque moderne et contemporaine (VIe s. av. n.è. – XXe s. ap. n.è.), dans le large espace iranien, depuis les frontières de l’Anatolie jusqu’à la Mésopotamie, l’Iran, l’Afghanistan et l’Asie centrale inclus. Cet axe comporte une dimension patrimoniale importante, avec des collectes de terrain, la sauvegarde de collections en collaboration avec des institutions françaises et internationales, et la collaboration avec des missions archéologiques sur plusieurs terrains, de façon régulière ou ponctuelle. La description, la typologie et l’analyse des données inédites collectées dans le cadre de ces travaux nourrit divers champs de connaissances et contribue au renouvellement des recherches sur l’environnement historique, culturel et économique des sociétés du monde iranien.

Coordination scientifique : Christelle Jullien
Participants : Sacha Alsancakli, Samra Azarnouche, Sandra Aube, Oliver Bast, Wouter Henkelman, Emmanuel Giraudet, Rika Gyselen, Philip Huyse, Christelle Jullien, Maria Szuppe


I.1. Production, transmission des savoirs et leurs acteurs.
Cette thématique est étudiée selon deux perspectives qui sous-tendent des approches méthodologiques spécifiques : en matière de dynamiques de diffusion des matériaux et des savoir-faire, en matière d’élaboration de modèles et leur circulation, et de mise en œuvre de réseaux. Trois problématiques spécifiques sont abordées :
– Mécanismes de transmission textuelle dans la construction des savoirs et des légitimités, avec un intérêt aux mobilités, la sociologie et les pratiques des élites politiques-religieuses et lettrées (y compris l’histoire du livre et pratiques de la culture écrite),
– Réseaux professionnels dans l’espace iranien et centre-asiatique, en particulier la sociologie et la circulation des artisans liés aux métiers d’architecture,
Écrire et transmettre: savoir-faire, techniques et supports. Les recherches de nouvelles sources primaires et données sur la culture de l’écrit et ses pratiques concernent des domaines disciplinaires très variés : codicologie des manuscrits, documents sur supports divers (tablette, papier, pierre, bois…) et en langues diverses, numismatique et sigillographie (étudiée en lien avec le document scellé), épigraphie (monumentale et funéraire), architecture (y compris le décor), objets d’art et d’artisanat (typologie et technique) …


I.2. Constructions et relectures de l’Histoire
La seconde thématique de cet axe a trait aux processus d’écriture de l’histoire du monde iranien par l’exploitation de documents originaux (leur description, édition, analyse). Ces recherches intéressent l’histoire officielle aussi bien que la micro-histoire, et s’interrogent sur le rôle des historiographes, y compris à la période contemporaine, selon deux perspectives. D’abord, les processus de relecture et d’appropriation de l’histoire à partir de l’étude de corpus littéraires revisités, ensuite, les approches historiques sur les pratiques mémorielles, avec élaboration de nouvelles ressources liées à la constitution de corpus numériques, notamment prosopographiques.

– La fabrique de l’histoire : cette thématique est consacrée aux problématiques posées par l’historiographie iranienne, produite en divers langues, sur le temps long. Plus particulièrement, la genèse de l’historiographie en Iran préislamique, le processus de « fixation » des versions officielles (évolution permanente du récit historique, rôle des copistes…), enjeux de l’écriture de l’histoire (y compris l’histoire très récente) et l’institutionnalisation de la « fabrique de l’histoire »,
– Modes de représentation de l’histoire par les communautés minoritaires (notamment chrétiennes syriaques), par les sources régionales éloignées de la cour, par les observateurs européens (création de la « connaissance de la Perse »),
– Études de Life-Writing, dont la dynamique est actuellement portée par l’accès facilité à de nombreuses sources inédites (dont celles en collections privées), ce volet est plus particulièrement focalisé sur le genre biographique produit en langue persane aux XIXe et XXe siècles, et s’intéresse aux récits bio- et autobiographiques (autofiction), journaux intimes ou correspondances privées (mobilisant des matériaux non encore organisés),
– Recherches de prosopographie sur les acteurs de la vie publique de l’Iran aux XIXe et XXe s. (avec pour objectif l’élaboration d’une base de données bio-bibliographique en s’appuyant sur les travaux préliminaires par Y. Richard).