Journée des doctorants du CeRMI 2021

Werner Gaboreau
Titre de l’intervention : Savoirs et rencontres : le feuilletage des ignorances dans le contexte des interactions entre l’Iran safavide et l’Europe au XVIIe siècle

Résumé
Au XVIIe siècle, dans le contexte de l’expansion territoriale européenne en Asie et de la première mondialisation, l’Iran safavide devient un espace davantage parcouru et connu. La collecte d’informations intervient à l’échelle des États européens afin de construire des politiques diplomatiques, commerciales et missionnaires au-delà de l’Europe. Elle prend également place dans les milieux lettrés grâce à la diffusion de la littérature de voyage et aux premières tentatives de compilation des connaissances. Les sources officielles et non-officielles ne permettent néanmoins pas au XVIIe siècle de reconstituer de façon linéaire la construction du savoir dans la mesure où des connaissances imprécises continuent de circuler et survivent parfois à une actualisation de l’information, pourtant plus fiable.
Cette présentation permettra de faire le point sur les recherches en cours en interrogeant le concept de « feuilletage des ignorances », c’est-à-dire comment il permet de retrouver les différentes étapes d’évolutions de la nature du savoir, sans entrer dans une approche linéaire et rectiligne.
Mots clés : Iran safavide, Europe moderne, XVIIe siècle, savoirs, ignorances.

Alberto Bernard
Titre de l’intervention : Le clergé zoroastrien dans l’antiquité tardive: sources et histoire

Résumé
Une histoire du clergé zoroastrien de l’époque sassanide (224-650 de notre ère) est-elle possible ? Bien qu’elle soit depuis longtemps un desideratum des études iraniennes, une telle étude se heurte toujours à l’état tout particulier d’une documentation qui provient de sources très hétérogènes du point de vue matériel (sceaux, inscriptions monumentales, textes manuscrits), typologique (documents administratifs, textes monumentaux, littérature religieuse, historiographie, vies de martyrs), linguistique (langues iraniennes, grecque, syriaque, araméen, arabe, arménien, géorgien) et chronologique (du 3e s. jusqu’au 13e s.). Mon projet de thèse essaie de redéfinir les termes de la question puis d’y répondre. À un historique et une mise en perspective des approches et méthodologies adoptées, suivra donc une reconsidération historiographique de la documentation, dont le but sera double. D’une part, il s’agira de dresser un recueil critique des données disponibles sur la prosopographie, le statut, les fonctions, les titres du personnel religieux ; de l’autre, de produire une étude sur les différentes manières de se représenter le « clergé » zoroastrien et ses membres que l’on trouve dans les sources à la fois « indigènes » et étrangères. Cette présentation aura donc pour objet de faire état sur l’avancement de ce travail et illustrer les pistes jusqu’à présent suivies.

mots clés : zoroastrisme, clergé, empire sassanide

Milad Shariatmadari
Titre de l’intervention : Word Order Variation in Kurmanji Ditransitive Constructions

Résumé
In this talk, I am going to present the results of a corpus study on the word-order variation in Kurmanji ditransitive constructions. Although the placement and the realization of direct and indirect objects (henceforth DO and IO) are subject to great variation, much of the focus has been on the postverbal placement of IOs. The results of the corpus investigation show three possible word orders among DO, IO, and verb including two preverbal variations (DO-IO-V and IO-DO-V) and a postverbal variation (DO-V-IO). Adopting Hawkins' Performance-Grammar Correspondence Hypothesis (1994, 2004, 2014), I discuss the efficiency of these variations based on the three proposed principles of efficiency. Moreover, I present the results on the effect of definiteness (DO), animacy (IO), and relative length (DO and IO) in these variations. All factors showed to affect word order significantly.

Keywords: Word order variation, Kurmanji, grammatical weight, animacy, definiteness

Davide Trentacoste
Titre de l’intervention : La Perse à travers la Toscane (et donc l’Europe) : sources italiennes sur les Safavides

Résumé
Il est désormais bien établi que pour étudier les relations entre les Safavides et l’Europe, il est inévitable de devoir traiter les sources conservées dans les archives européennes. Il y a quelques décennies déjà, Jean-Louis Bacqué-Grammont soulignait que les sources diplomatiques de l’époque safavide étaient extrêmement rares, tandis que Jean Aubin, dans les mêmes années, soulignait l’importance des documents italiens. Ces derniers représentent une mine d’informations très riche sur la Perse safavide : des informations que nous ne pouvions pas vraiment connaître à travers les sources diplomatiques safavides. Cette communication se propose donc d’aborder cette thématique en analysant le cas des relations entre le Grand-Duché de Toscane et les Safavides au XVIIe siècle.

Alessia Zubani
Titre de l’intervention : Mécanique et politique à la cour des Sassanides

Résumé
La thèse explore l’entrelacement entre technique et politique dans l’environnement palatial des Sassanides (r. 224-650) et le milieu aulique des califes abbassides (r. 750-1258), au pouvoir un siècle après la chute de la dynastie perse. Plus spécifiquement, elle met en relief la valeur politique attribuée en ces milieux aux dispositifs ingénieux, c.-à-d. des appareils automatiques dont le fonctionnement repose sur l’emploi d’un mécanisme caché activant une série d’effets visuels. Dans sa forme actuelle, la thèse répond à la nécessité d’étudier l’histoire de la mécanique dans le monde persan tarde-antique – jusqu’à présent presque totalement négligée – en l’absence de traités techniques et culture matérielle.

Rhyne King
Titre de la thèse : The House of the Satrap and the Making of the Achaemenid Persian Empire, 522-330 BCE

Résumé
Dans sa plus grande mesure, l’empire perse achéménide (550-330 av. J.-C.) s’étendrait de l’Égypte et des Balkans à l’Asie Centrale et à l’Indus. Comment cet Empire a-t-il pu perdurer à une telle échelle pendant plus de deux siècles ? Cette thèse répond à cette question en analysant une institution particulière : la « Maison » du satrape. Les satrapes étaient les représentants locaux du pouvoir royal dans l’empire achéménide qui faisaient fonctionner l’interface entre l’état et le sujet. Ils opéraient non pas seuls mais plutôt au moyen de toute leur « Maison », comme le disent les sources anciennes. Ces Maisons avaient une composante humaine avec la famille des satrapes, des subordonnés libres et des travailleurs dépendants, ainsi qu’une composante physique en forme des domaines agricoles et autres éléments. C’est au niveau de la Maison satrapale où se déroulaient les actes quotidiens de l’impérialisme.
Cette thèse est composée d’une série d’études de cas qui examinent chacune un ou plusieurs cas de Maisons satrapales particulières. Deux chapitres examinent les carrières de trois satrapes contemporains (Tissapherne, Pharnabaze et Cyrus le Jeune) en Anatolie occidentale, le premier se concentrant sur l’histoire économique et le second sur l’histoire sociale. Le chapitre suivant met l’accent sur Aršāma, dont les activités s’étendent sur l’Égypte et la Mésopotamie, et il analyse les structures de travail dans sa Maison. Le quatrième chapitre raconte la carrière de Bēlšunu, un fonctionnaire local devenu satrape en Syrie grâce à ces relations fastidieuses avec ses supérieurs impériaux. Un cinquième chapitre traite de Bakabaduš, satrape dans l’est de l’Iran, dont la Maison a facilité la circulation des personnes, des biens et des informations à travers le plateau iranien. L’exemple final concerne la carrière d’Axvamazdā, dont la Maison ne peut être séparée du système routier complexe qui s’étendait à travers l’Asie centrale achéménide. Un chapitre de synthèse, résumant les modèles plus larges émanant de ces études conclut la thèse.